L’état de la santé mentale en Europe et dans le monde s’est fortement dégradé depuis la pandémie de Covid 19. Pourtant, la plupart des gens éprouvent toujours autant de difficultés à franchir la porte du cabinet d’un psy. Mais pourquoi ?
- + 25% des cas d'anxiété et de dépression dans le monde au cours de la première année de la pandémie
- +22% hausse du sentiment de solitude dans l'UE après la COVID-19
- Près de 1 personne sur 2 (46 % de la population de l'UE) a rencontré des problèmes émotionnels ou psychosociaux, tels que des sentiments de dépression ou d'anxiété, en 2022[1].
La santé mentale, un problème de riche ?
Le coût d’une consultation est le frein le plus important. Il varie selon le pays, la région, et le type de spécialistes. Mais avec un coût moyen autour de 60 euros, ce n’est clairement pas à la portée de toutes les bourses. Encore moins, si vous habitez une grande ville. A Paris, par exemple, il vous en coûtera jusqu’à 85 euros. Ce n’est pas pour rien que la non prise en charge ou la mauvaise prise charge des problématiques de santé mentale concernent des personnes aux moyens socio-économiques limités. Ces populations consultent d’ailleurs beaucoup plus facilement un médecin généraliste qu’un psychologue et se voient d’autant plus souvent prescrire des psychotropes.
- Plus de 80 % des prescriptions de psychotropes sont faites par les médecins généralistes.
- Seulement 54 % des personnes prenant des antidépresseurs ont reçu une prescription conforme aux directives médicales.
- 35,1% des Français âgés de 15 à 85 ans déclarent avoir pris des psychotropes au moins une fois dans leur vie.[2]
- En 2022, 1 Belge sur 4 a pris au moins un psychotrope, soit 3 millions de patients.[3]
Pourtant, différents dispositifs ont été développés pour faciliter et rembourser l’accès aux soins de santé mentale. Mais ces dispositifs ne sont pas toujours bien connus du public, ni bien reçus par les professionnels, comme Mon parcours psy en France, qui a certes ses limites et pose question par rapport aux conditions d’exercice de la profession, mais a au moins le mérite d’exister pour le patient.
C’est grave, docteur ?
Ne pas se sentir bien, même au quotidien, n’est bien souvent pas suffisant pour décider d’aller consulter un psy. La plupart des patients minimisent leurs symptômes et ne considèrent pas que leur état est suffisamment grave. Ils attendent juste « que cela passe », prenant ainsi le risque de voir leurs problématiques s’aggraver. Pourtant, si on s’en réfère à l’OMS (organisation mondiale de la santé), « la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ».
Donc, oui, se sentir déprimé, ne pas se sentir à sa place, être trop stressés… sont des motifs de consultation tout à fait valables.
Au professionnel d’aider le patient à en prendre conscience et d’être à l’écoute. Sans oublier que, non prises en charge, ces problématiques psychologiques peuvent avoir des impacts très concrets sur la santé physique. Le stress en est un bon exemple : troubles du sommeil, ulcère à l’estomac…
Le contact avec le psy
Prendre conscience que nous souffrons est une première étape. Accepter d’aller voir un psy en est une autre. Trop de patients ont, encore aujourd’hui, peur du regard des autres : que va-t-on dire ?, je ne suis pas fou, et si je tombe sur un charlatan… Toutes ces peurs empêchent d’avancer…
La relation avec le psy sera déterminante : le contact passe-t-il, m’écoute-t-il suffisamment ?, me comprend-il ? Si le contact est bon, le patient adhérera. Il est donc important que le patient aie toutes les infos et les outils pour pouvoir faire le choix qui lui convient. Comme dans toute relation humaine, parfois « ça passe, parfois pas » !
Et il n’y a pas besoin de se justifier, tous les psys et toutes les approches ne conviennent pas à tout le monde. Et si ce n’est pas le cas, il ne faut pas avoir peur de changer. Cela ne remet en cause ni les compétences du psy, ni la légitimité à se faire aider.
Un échange téléphonique ou une téléconsultation peuvent aider à mieux cerner le professionnel et son approche et à savoir si celui-ci est la personne adéquate pour la prise en charge.

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La durée du suivi
Quand on entame une psychothérapie, cela ne doit pas forcément durer toute la vie ! Tout dépend du type de problème auquel le patient est confronté et de l’investissement et du temps qu’il souhaite/ peut y consacrer.
Une longue thérapie n’est d’ailleurs pas forcément un gage de succès. A l’inverse, les thérapies brèves ont de plus en plus la cote et sont d’ailleurs de plus en plus conseillées. Qui dit brève ne veut pas dire que tous les problèmes seront réglés en 1 séance, mais le patient peut espérer une amélioration significative entre 5 à 12 séances. Ce qui reste très raisonnable et gérable dans l’agenda de la plupart des patients.

Les patients peuvent espérer une amélioration significative entre 5 à 12 séances, ce qui restent très gérable dans un emploi du temps.
En conclusion
Prendre en main sa santé mentale devrait être à la portée de chacun, quelque soit les freins et les peurs. C’est une véritable question de santé publique qui coûte chaque année des millions aux états. Il est donc vital de s’approprier le sujet et d’agir.
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Références :
[1] Enquête Eurobaromètre réalisée en juin 2023
[2]Baromètre Santé sur les niveaux d'usage et évolutions récentes de la consommation de médicaments psychotropes en France
[3] Etude menée par Partenamut, mutuelle belge, auprès de 2.3 millions de membres : https://www.health.belgium.be/fr/news/1-belge-sur-4-consomme-des-psychotropes-en-2022
[4] https://www.psychologies.com/actualites/societe/Pourquoi-consulter-un-psy-reste-tabou-pour-80-des-Francais
• https://feelapp.care/blog/consommation-antidepresseurs-france/
• https://www.consilium.europa.eu/fr/policies/mental-health/
• Enquête Eurobaromètre Flash sur la santé mentale, juin 2023 (Commission européenne)
• Rapport "Panorama de la santé: Europe", 2018 (OCDE)
• https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/mental-disorders (OMS)
• Institute of Health Metrics and Evaluation. Global Health Data Exchange (GHDx), (https://vizhub.healthdata.org/gbd-results/, consulté le 14 mai 2022).