Cet article fait partie d'un dossier sur le trouble de la personnalité borderline disponible ici.
Face aux défis représentés par le TPB, Sylvia Martin s’est rendu compte que s’il existait déjà de nombreuses théories, modèles thérapeutiques et propositions de prises en charge, ils étaient, dans le contexte de soin francophone, difficiles à mettre en œuvre par le psychologue et à adopter par le patient. C’est dans ce contexte que Sylvia Martin a créé le programme ECCCLORE. Ce programme intégratif rassemble les approches de thérapies cognitivo-comportementales et émotionnelles les plus efficaces à ce jour.
Sylvia Martin, psychologue clinicienne et psychothérapeute TCCE, docteure en psychologie clinique et psychopathologie et enseignante universitaire, nous invite à découvrir en quoi consiste précisément ce programme novateur.
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Qu’est-ce que le programme ECCCLORE ?
Derrière cet acronyme, clin d’œil aux programmes anglosaxons friands d’acronymes, se trouve un programme d’Entraînement aux Compétences Cognitives Comportementales et en Lien avec l’Observation et la Régulation des Emotions.
En résumé, il s’agit d’un parcours thérapeutique structuré d’une durée de 6 mois, pouvant se découper en 3 modules, comprenant 22 séances animées par deux psychologues cliniciens spécialisés dans les thérapies cognitivo-comportementales et émotionnelles.
Un programme qui s'adapte à la vie des patients
Le patient peut choisir son trajet à la carte et suivre les 3 modules d’affilée, ou bien d’en faire d’abord un, puis un autre quelques mois tard, et ainsi de suite. C’est le programme qui s’adapte à la vie des patients et pas l’inverse.
Les applications d'ECCCLORE
Le programme est adaptable à toutes les structures de soins et cabinet de psychothérapies. Il permet très concrètement de :
🛟 venir en aide aux patients
🛟 réduire la difficulté d’accès aux soins
🛟 et de développer une méthodologie efficace pour diminuer la symptomatologie du TPB.
Il est important de noter qu'ECCCLORE fait aujourd’hui partie des pratiques de soin courantes mais n'est pas encore un programme scientifiquement validé au sens strict du terme, même si c’est bien prévu à terme
Comment fonctionne le parcours thérapeutique ?
Le cadre proposé permet un suivi intensif et régulier, offrant aux participants la possibilité d'apprendre et de renforcer des compétences essentielles liées à la régulation des émotions, des comportements et des interactions sociales.
La durée de six mois a été soigneusement choisie, car elle correspond à la durée minimale des traitements proposés en unités de soins de jour, qui s’étendent généralement de six mois à deux ans. Cela garantit un nombre de séances suffisant pour travailler en profondeur toutes les compétences sélectionnées.
Chaque session est conçue pour introduire de nouveaux outils et stratégies, permettant aux participants de progresser pas à pas et de les intégrer durablement dans leur quotidien.
Le programme se compose d'une session de groupe hebdomadaire d'une durée de deux heures, ce qui équivaudrait à une demi-journée de présence dans un hôpital de jour. Cette durée est également tout à fait raisonnable dans le cadre d’une mise en place en libéral. En parallèle, les participants bénéficient d'un suivi individuel avec l'un des deux psychologues, d'une durée de 30 minutes chaque semaine.
Quels sont les « outils » utilisés ?
📙 Le programme intègre certains outils issus de la thérapie comportementale dialectique (TCD) et de la thérapie cognitive et comportementale (TCCE) et met particulièrement l'accent sur la prise de conscience des mécanismes impliqués dans les émotions et les comportements.
📕 En outre, il inclut des techniques cognitivo-comportementales, avec un focus sur le travail cognitif et l'identification des croyances dysfonctionnelles.
📘 Les participants sont également initiés à des pratiques de pleine conscience et à la conscience éclairée, telles que la méditation, l’acceptation et l’engagement (ACT), la thérapie centrée sur la compassion ainsi que des techniques basées sur la compassion (avec les pratiques de Méditation d’Amour Tendresse).
Peut-il s’appliquer à tous les patients TPB ?
Oui, clairement. Les compétences développées vont même d’ailleurs au-delà des patients TPB.
En effet, le travail sur la régulation émotionnelle, comportementale et relationnelle est crucial non seulement pour les personnes atteintes de troubles psychologiques tels que le trouble de la personnalité borderline (TPB), mais aussi pour un large éventail d’autres populations. Ces compétences jouent un rôle fondamental dans la gestion des défis quotidiens et des interactions sociales, et leur développement peut apporter des bénéfices bien plus larges que les troubles spécifiques pour lesquels elles sont souvent enseignées.
La régulation émotionnelle, par exemple, est un besoin universel. La capacité à identifier, comprendre et gérer ses émotions est essentielle pour tous. Bien qu'elle soit au cœur des interventions pour des troubles comme le TPB, elle est tout aussi pertinente pour d'autres groupes. Les personnes souffrant de troubles anxieux ou dépressifs, par exemple, éprouvent souvent des difficultés à gérer des émotions intenses, telles que l'anxiété ou la tristesse. Apprendre à réguler ces émotions peut les aider à diminuer leur détresse émotionnelle et à améliorer leur bien-être général.
La régulation comportementale est également un levier important pour développer des comportements sains. Elle se rapporte à la capacité de contrôler des actions impulsives ou automatiques et de prendre des décisions réfléchies en accord avec ses valeurs et ses objectifs.
Quant à la régulation relationnelle, elle vise à améliorer les interactions sociales. Ces compétences impliquent la capacité à communiquer de manière claire et efficace, à gérer les conflits et à maintenir des relations saines. Cela peut être particulièrement bénéfique pour les personnes rencontrant des difficultés relationnelles, comme celles souffrant de troubles de l'attachement ou de personnalités évitantes ou dépendantes.
"Mon espoir et mon objectif est que ce programme se développe et puisse aider un maximum de personnes souffrant de problématiques plus ou moins graves très variées." Sylvia Martin