Ressources offertes avec votre commande 🎁 En savoir +

Prendre soin de soi en tant que soignant

Prendre soin de soi en tant que soignant

Publié le 22 mai 2025
Burn-out Outils et méthodes 

A-t-on le droit de tomber malade quand on est médecin ? Un psychologue ou un thérapeute peuvent-ils craquer, faire un burn-out ? Comment l’éviter ? Le Dr Michel Delbrouck nous explique.

Prendre soin de soi en tant que soignant

Article rédigé sur base d’une interview avec le Dr Michel Delbrouck.

Ce n’est pas parce qu’on est soignant qu’on ne peut pas souffrir !

On en entend parler de plus en plus : le nombre de soignants en souffrance ou en burn-out ne cesse d’augmenter ces dernières années. Selon certaines sources, 50 % des soignants auraient déjà souffert de burn-out. Le Dr Delbrouck nuance toutefois ces chiffres : « Il faut distinguer l’épuisement émotionnel qui touche en effet 48 à 50 % des soignants, du véritable burn-out qui touche 2 à 8 % des médecins, psychologues, etc. »

Les 3 phases du burn-out

Le syndrome complet du burn-out comprend 3 phases progressivement évolutives :

  • l’épuisement émotionnel  ;
  • la déshumanisation de la relation à l’autre  ;
  • le sentiment d’échec professionnel ou la diminution de l’accomplissement.

50 % des soignants se trouveraient au premier stade, alors que 2 à 8 % présenteraient le syndrome de burn-out au complet.

 

Aujourd’hui, bon nombre de spécialistes tombent en burn-out : urgentistes, chirurgiens, anesthésistes, etc. parce qu’ils sont soumis à de très gros stress.

Les principales causes du burn-out du soignant

Quatre « failles » possibles semblent pouvoir expliquer les causes du burn-out spécifique du soignant :

🧠 l’impact et la répétition des traumatismes rencontrés en clientèle : les demandes de certains patients sont fortes, parfois très exigeantes.

🧠 la spécificité du métier de soignant : être soignant demande une grande disponibilité de cœur, de la tolérance, de l’acceptation presque inconditionnelle de l’autre.

🧠 la question du choix de la profession de soignant : le soignant est particulièrement sensible à la question de la maladie et des soins à y apporter, soit parce qu’il y a été confronté, lui-même ou dans son entourage, soit parce qu’il a voulu répondre à ses propres questionnements psychiques.

🧠 l’isolement physique et psychoaffectif du soignant : la contrainte liée au secret médical peut user à petit feu le soignant.

Premiers signes annonciateurs 

Il est possible de détecter le syndrome du burn-out par un certain nombre de symptômes, qui peuvent apparaître pour toute profession : troubles de la concentration, pertes de mémoire, manque de structure et organisation, passer plus de temps au travail car la personne devient moins efficace.

D’autres symptômes sont spécifiques au métier de soignant. Un soignant au bord du burn-out montre bien souvent ces signes :

Il/elle :

❌ devient plus distant, froid

❌ perçoit moins ses émotions

❌ devient inadéquat voire insupportable

❌ allonge les consultations

❌ gère moins

❌ n’ose pas dire non

❌ se fait de plus en plus envahir

Il n’est pas rare que des soignants se trouvent ainsi dans un véritable cercle vicieux : ils se couchent de plus en plus tard, donc sont moins capables de gérer le lendemain, ils n’osent pas parler de leurs difficultés à leurs proches ou à leurs collègues, justement à cause de leur statut de soignant. Certains vont jusqu’à mélanger alcool et médicaments, ce qui ne fait qu’empirer la situation.

Vous pensez souffrir du syndrome du burn-out ? Faites le test !

Comment s’en sortir ?

Avant toute chose, il est évident qu’il y a une éducation à faire sur le fait qu’un soignant à le droit de souffrir. Il est trop fréquent d’entendre les phrases type « Tu es malade alors que tu es médecin/ psychologue ? » Mais outre ce changement indispensable, il est aussi nécessaire que les soignants eux-mêmes s’accordent ce droit de ne pas aller bien.

Par exemple, bon nombre de médecins n’ont pas de médecin traitant et se soignent sur un coin de table, puisqu’après tout, ils sont eux-mêmes médecins. Or, la première étape pour aller mieux est d’avoir conscience de qui l’on est, de ce que l’on vit au niveau émotionnel et au niveau du corps. 

Quelle aide pour les médecins en difficulté ?

🇧🇪 En Belgique, l’ordre des médecins a créé la plateforme « Médecins en difficulté », précisément pour venir en aide aux soignants et leur apporter un support psychologique : https://www.medecinsendifficulte.be/

🇫🇷 En France, le Conseil national de l’Ordre des médecins et l’Association d’aide professionnelle aux médecins et soignants (AAPMS) ont lancé un numéro d’appel unique pour renforcer l’écoute et l’assistance des médecins en difficulté. Il sera également accessible aux internes en médecine. Disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 : 0826 000 401

Pour les psychologues, les pratiques de supervision et d’intervision peuvent aider et permettre de prendre de la distance, mais ne remplacent pas une véritable prise en charge personnalisée, centrée sur la personne elle-même et non sur son activité. Elles permettent néanmoins au professionnel de ne pas être seul face à la difficulté de son métier et de ses prises en charge. Pour un professionnel de la psychologie, le conseil sera le même que pour toute autre personne, n’hésitez pas à vous faire aider et à franchir la porte du cabinet d’un confrère/ consoeur. 

Le chemin vers la guérison

Quand on est médecin ou soignant, on peut être simplement PATIENT. Mais être examiné objectivement demande un cadre interne et externe : autant le soignant en souffrance que le médecin qui l’accueille en consultation doivent être clairs sur leurs objectifs.

Le soignant en souffrance :

  • Avoir la simplicité et l’humilité de consulter de manière discrète, pas dans l’établissement où il exerce ;
  • Choisir un médecin traitant/ un psychologue à qui confier ses problèmes pour bien se faire accompagner ;
  • Éviter l’automédication/ l’autotraitement ;
  • Rester pragmatique et se faire examiner rigoureusement.
    Le médecin qui accueille en consultation :
  • Considérer le soignant en souffrance comme un patient lambda et non comme un professionnel du soin ;
  • Examiner rigoureusement le patient sans a priori en lien avec la profession de celui-ci.

Le conseil en + du Dr Delbrouck

Un élément qui peut entrer en compte dans le bien-être psychique des professionnels du soin (médecins, psychologues…), c’est la gestion du patrimoine. Exercer en profession libérale implique en effet aussi d’être gestionnaire d’entreprise, une partie du métier qu’on n’apprend pas sur les bancs de l’école.

Certains soignants peuvent ainsi gagner beaucoup d’argent, mais ne sont pas en mesure de le gérer correctement. Ils risquent donc de se trouver face à de grandes difficultés financières, en plus de leurs difficultés psychiques.

Quelques conseils pour éviter d’en arriver là :

✅ Souscrire à une assurance accident

✅ Souscrire à une assurance revenu garanti pour s’assurer un revenu en cas d’arrêt maladie

✅ Se faire accompagner pour optimiser la gestion de son patrimoine

 

Lire le focus : 10 conseils pour prévenir le burn-out du soignant

En résumé, s’il est essentiel pour tous de prendre soin de soi, de s’écouter, d’entendre et d’accepter les difficultés que l’on peut traverser, cette réalité est d’autant plus importante pour un professionnel du soin, confronté très régulièrement à de nombreuses souffrances de par sa pratique. C’est important pour soi, mais aussi pour la qualité de la prise en charge et des soins de vos patients.