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Autocompassion : une approche pour renforcer la résilience en thérapie

Autocompassion : une approche pour renforcer la résilience en thérapie

Publié le 16 janvier 2025
Autocompassion Thérapie 

Depuis une dizaine d’années, l’autocompassion s’invite dans les cabinets des psychologues. Cet outil puissant, aux bénéfices reconnus, requiert des précautions particulières avant de l’inclure dans sa pratique thérapeutique. 

Autocompassion : une approche pour renforcer la résilience en thérapie

Depuis une dizaine d’années, l’autocompassion s’invite dans les cabinets de nos psychologues. Un outil puissant, aux bénéfices reconnus, requiert des précautions particulières avant de l’inclure dans sa pratique thérapeutique.

Une approche bienveillante

L’autocompassion – ou la capacité à se montrer bienveillant envers soi-même en période de souffrance. Décrit ainsi, le terme sonne presque enfantin. Et pourtant, les professionnels du sujet s’accordent sur son efficacité… à condition de bien l’utiliser. Si le concept général est connu depuis un certain temps, son usage dans une approche thérapeutique est plus récent. C’est en effet en 2009[ que la notion a été formalisée pour la première fois, puis développée dans un véritable programme, la Mindful Self-Compassion (MSC) de Kristin Neff et Christopher Germer ou Programme d’autocompassion en pleine conscience [2] en français.  

"L’autocompassion en pleine conscience établit les fondations d’une relation saine et constructive avec nous-même et avec tous ceux qui nous entourent."
Mathieu Ricard [2]

Son succès s’explique par un facteur principal : « Notre société est individualiste ; l’isolement est un réel problème. En tant qu’humains, appartenir à un groupe est un besoin fondamental », analyse Inken Dechow, enseignante de programmes basés sur la pleine-conscience et formatrice MSC.

Programme d'autocompassion en pleine conscience
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Les injonctions de performances constantes – professionnelles, mais aussi personnelles que nous nous fixons ou recevons de la société qui nous entoure ne font qu’aggraver le problème. Comment être bienveillant vis-à-vis des autres si nous ne le sommes déjà pas avec nous-même ? C’est à ce moment que l’autocompassion joue pleinement son rôle à l’échelle de l’individu ou lors d’un travail thérapeutique.  

Faciliter le travail thérapeutique

Et en effet, l’autocompassion est une réponse à ces maux de société. Pour illustrer son fonctionnement, Inken Dechow part de l’exemple inverse :

« Lorsqu’on passe un mauvais moment, notre premier réflexe est la punition. En se critiquant, et même en se définissant par cet échec. » 

Pour contrer cela, trois piliers – trois compétences – à mobiliser :

La pleine-conscience, d’abord, pour observer et reconnaître la situation dans sa globalité, sans jugement.
« Personne ne minimise les mauvaises expériences de son meilleur ami. C’est exactement le même principe. » [3]

L’humanité commune ensuite, en se reconnectant aux autres et en intégrant l’idée d’appartenance, pour atténuer le sentiment de solitude et l’impression qu’on est le seul à échouer.

➌ Enfin, la bienveillance envers soi-même.
« Au lieu de se critiquer et d’empirer le mal-être, on se réconforte comme on le ferait avec un ami. On s’offre un soutien émotionnel essentiel pour surmonter ces situations. »

Dans le cadre d’un parcours de soin, c’est le même principe. « Utiliser l’autocompassion, c’est réaliser que je peux faire quelque chose quand je souffre trop », explique Martine Vaillancourt, psychothérapeute et enseignante certifiée du programme MSC. La pratique de l’autocompassion est ainsi particulièrement utile pour accompagner des patients ayant vécu des traumatismes ou souffrant de troubles psychiques – schizophrénie, anxiété, dépression… – en thérapies individuelles, mais également collectives. « On crée un lieu sécuritaire avec le groupe, le thérapeute et soi-même. C’est un soutien pour la personne, pour qui raconter ses traumatismes devient plus supportable. » 

Usages et précautions en thérapie

Même si le mode d’emploi est simple sur le papier, des précautions sont à prendre. Certaines personnes réagissent violemment aux exercices. « On appelle cela un retour de flammes. Toutes les souffrances enfouies pendant des années ressurgissent en même temps, parfois à cause d’un simple geste. »  

Conseils pour une intégration sécurisée

  • Le conseil de base : débuter doucement, guetter ses réponses, lui faire comprendre qu’une réaction, même violente, n’est pas dangereuse. 
  • Tester sa sensibilité aux gestes, aux mots, aux images. « On leur demande de mettre la main sur le cœur et de s’observer. Le corps se relâche-t-il ? Des souvenirs remontent-ils ? On leur demande de repérer leur voix critique puis de la transformer, petit à petit, en une voix bienveillante. »

Le thérapeute doit utiliser l’autocompassion pour lui-même

C'est un prérequis essentiel, notamment à cause de certaines émotions, comme la honte, ardues à nommer, à accueillir et à accepter, qui créent des biais lorsqu’un psychologue se sent démuni face au mal-être de ses patients.

« Si [le thérapeute] ne sait pas réagir aux souffrances de l’autre, s’il ne sait pas ce qu’il fait et s’il n’a pas confiance en la possibilité d’une évolution chez son patient – en bref, s’il ne sait pas se gérer lui-même -, il y aura un blocage. »


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Depuis le premier article scientifique sur l’autocompassion, paru en 2003, plus de 3 000 études ont montré un lien entre la bienveillance à l’égard de soi-même et la santé mentale. [4]

Inken Dechow, co-fondatrice du programme Mindful Self-Compassion, vous en dit plus sur l'autocompassion pour les professionnels pour faire face à la fatigue empathique dans cet article vidéo.

Un outil adapté à toutes les thérapies

De plus en plus, l’autocompassion devient la base de chacune des thérapies.

  • En TCC ou TIP, par exemple, elle est un levier lorsque la personne a du mal avec ses exercices.
  • Lors d’une thérapie d’EMDR, elle permet de mieux gérer la réminiscence des traumatismes.

L’objectif de la MSC, à terme, est de rendre les patients autonomes.
« Certains comprennent très vite le principe et l’utilisent au bout d’une ou deux séances. Pour d’autres, c’est beaucoup plus long. »
Martine Vaillancourt

C’est pourquoi il est très utile pour les patients de pouvoir bénéficier d’un support pour les aider à poursuivre leurs efforts entre deux consultations. Ceux-ci peuvent d’ailleurs, s’ils le souhaitent, s’appuyer sur le cahier d’accompagnement[2], également conceptualisé par Christopher Germer et Kristin Neff. Les explications, exercices et pratiques (formelles et informelles) qui le composent aideront le patient ou toute personne qui en éprouve le besoin à avancer petit à petit sur le chemin de l’autocompassion et de l’amour de soi.

Les trois approches proposées dans l’audio disponible ci-dessus peuvent être pratiquées séparément ou ensemble pour trouver leur meilleure application dans votre vie quotidienne et vous apporter ce dont vous avez le plus besoin en ce moment. À vous de jouer ! 

 

En conclusion, l’écoute et l’observation attentives des réactions du patient, afin d’ajuster l’approche thérapeutique, sont les éléments essentiels d’un accompagnement réussi et surtout, sécurisé. 

Pour une liste des formateurs et formations reconnues, consultez :  
• L'annuaire internationale du Center for MSC : https://centerformsc.org/pages/teacher-directory
• Le site MSC Formation : www.msc-formation.com

"Autocompassion : une approche pour renforcer la résilience en thérapie" est un article écrit par Lucie Leclercq.

_______________________________

Bibliographie :

[1] Édition originale chez Guilford Press (2009), traduction française Christopher Germer, L’autocompassion, Odile Jacob, 2013.  

[2] Christopher Germer, Kristin Neff, Programme d’autocompassion en pleine conscience. Un guide pour professionnels, De Boeck Supérieur, 2020.  

[3] Christopher Germer, Kristin Neff, Mon cahier d’autocompassion en pleine conscience. Comment apprendre à s’aimer, De Boeck Supérieur, 2020. 

[3] « Le pouvoir de la compassion pour soi », in Quebec science, Melissa Guillemette,13/05/2021.