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TDAH : l’enjeu de la (dys)régulation émotionnelle

TDAH : l’enjeu de la (dys)régulation émotionnelle

Publié le 22 août 2025
TDAH 

Stress, colère, tristesse, joie : souvent, les personnes TDAH ont du mal à les gérer leurs émotions. Pourtant, même si elle est souvent vécue comme un fléau au quotidien, la dysrégulation émotionnelle est encore trop peu prise en compte par les professionnels. Décryptage et pistes d’accompagnement.

TDAH : l’enjeu de la (dys)régulation émotionnelle

« Imaginez : un enfant, huit ans, tellement heureux que lorsque sa sœur passe à côté de lui, il la pousse. Pas par violence, mais parce qu’il n’a aucun contrôle sur ses réactions émotionnelles. » Cette anecdote, rapportée par une mère dont l’enfant est TDAH, décrit de manière frappante une manifestation de la dysrégulation émotionnelle, traduite par un dysfonctionnement dans le traitement des émotions – reconnaissance, intensité, comportement régulateur. Ces symptômes se manifestent souvent tôt dans l'enfance et persistent généralement à l'âge adulte.

🥺 Les émotions, un apprentissage difficile

86% des personnes TDAH rapportent une difficulté à gérer leurs émotions, selon une étude du Dr Barkley (1). D’abord car la régulation émotionnelle est une compétence liée aux fonctions exécutives, souvent déficitaires dans le TDAH. Son apprentissage est plus complexe. À cela s’ajoute presque toujours au moins un trouble associé, impactant énormément la gestion des émotions. « Sans oublier le contexte socioculturel dans lequel la personne grandit. Son impact est énorme : éducation, normes culturelles, normes de genre… », ajoute Sébastien Henrard, formateur et superviseur expert du TDAH.

🧠 Repérer la dysrégulation émotionnelle

Une caractéristique qui doit donc intégrer les thérapies dédiées aux patients TDAH… encore faut-il savoir la repérer ! Pour Sébastien Henrard, même s’il ne s’agit pas d’un diagnostic médical, la dysrégulation émotionnelle devrait être, à chaque fois, évaluée lors d’un entretien clinique poussé lors du diagnostic du trouble :

👁️ Par l’auto-observation, 
❓ Par des questionnements sur les situations à forte charge émotionnelle, 
🔎 Et par un repérage de leur impact… 

Certains outils (2) peuvent également aider. « En tant que particularité cognitive marquée, elle devrait être spécifiée par les professionnels : ‘TDAH avec dysrégulation émotionnelle’ », suggère-t-il.

Si, dans les faits, la dysrégulation émotionnelle est presque toujours repérée par le thérapeute lors de la prise en charge, l’intégrer à l’évaluation fonctionnelle permet d’orienter le travail thérapeutique vers les situations problématiques : conflits, difficultés relationnelles, gestion de l’impulsivité…

L’ignorer, c’est passer à côté d’une part importante de l’accompagnement.

🧑 TCC : (ré)apprendre les émotions

En plus de la psychoéducation, qui constitue le socle de toute prise en charge pour le TDAH, certaines thérapies complémentaires sont indiquées. Elles permettent d’identifier et de mettre en place des stratégies pour mieux vivre ces manifestations.

Parmi elles, la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) propose un apprentissage de l’émotion, en reprenant ses composantes de base :

  • élément déclencheur,
  • sensations corporelles et pensées associées,
  • émotion identifiée et objectif,
  • action qui en découle (3). 

Ici, divers outils sont utilisés : la roue des émotions pour l’apprentissage des émotions primaires et de leurs nuances, ou le tableau des émotions pour décortiquer les épisodes émotionnels marquants, et sortir des réactions problématiques et ruminations qui s’installent souvent.

Pleine conscience : s’observer sans jugement

Autre approche recommandée : la pleine conscience, pour moduler la reconnaissance et la réponse émotionnelles en temps réel. Selon la problématique, plusieurs exercices : « Pour diminuer le pouvoir d’une émotion et se calmer, on peut faire appel à des exercices [d’ancrage] : naviguer entre les 5 sens, ou bien écouter sa respiration, son corps ou les sons. Si les pensées ou les émotions sont persistantes, il peut être utile de porter son entière attention sur cette distraction pour l’examiner de plus près », rapporte Lidia Zylowska, psychiatre et cofondatrice du Centre de Recherche de la Méditation pleine conscience de l’UCLA3. Elle propose ainsi diverses observations en pleine conscience, comme la RAME (Reconnaître, Accepter, Mener l’enquête, Éviter de s’identifier) ou le STOP (Stop, Trouver sa respiration, Observer sa manière de parler et d’écouter, Poursuite ou non de l’échange) lors d’une conversation.

Exercice : Comment diminuer vos rêveries et être plus attentif ?

Les psychiatres Lidia Zylowska et John T. Mitchell vous propose cet exercice issu de leur ouvrage Comment traiter le TDA-H grâce à la pleine conscience ? En savoir +

Le meilleur moyen pour y parvenir est de prendre l’habitude de faire correspondre votre attention à une intention définie au préalable. Vous pouvez par exemple vous demandez :

  • Où se trouve mon attention à l’instant présent ?
  • Est-ce que cela correspond à mon intention initiale ?

Nous allons explorer cette problématique dans l’exercice formel de méditation à télécharger via le lien ci-joint.

Cliquez ici pour écouter l'audio

Vous découvrirez de nombreux autres exercices pour vous entraîner dans ce livre.

 

Enfin, des exercices pour favoriser la bienveillance envers soi-même – comme la pratique de l’autocompassion –, l’acceptation d’une émotion particulièrement intense – via la thérapie dialectique comportementale (TDC) – ou la réévaluation cognitive d’une émotion – avec la thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT) – peuvent être mis en place pour compléter la prise en charge.

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Références :

(1) Russell A. Barkley et Mariellen Fisher, « The Unique Contribution of Emotional Impulsiveness to Impairment in Major Life Activities in Hyperactive Children as Adults », Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry 49, n°5 (mai 2010), pp. 503-513

(2) Par exemple, Anna-Malika Camblats cherche actuellement des psychologues pour la validation de sa batterie de tests « Emopsy » permettant d’évaluer les capacités émotionnelles chez les enfants de 6 ans à 12 ans inclus.

(3) Lidia Zylowska, Mon programme pour mieux gérer le TDA-H avec la pleine conscience, De Boeck Supérieur, pp. 163-186